Témoignage Kilimanjaro

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Head of Regional Sales

Stefanie Aebischer

Même petite fille, j’étais fascinée par les documentaires sur l’Afrique et je m’imaginais vivre un jour dans un endroit de l’Afrique profonde à l’image de Daktari. C’est à l’âge de douze ans que j’ai voyagé pour la première fois vers le continent noir, au Kenya, et que je suis tombée éperdument amoureuse des vastes steppes, des forêts verdoyantes et des innombrables animaux sauvages. Lors de safaris en Tanzanie, en Afrique du Sud, au Botswana et en Zambie, j’ai été émerveillée à maintes reprises par la diversité de la nature et de la faune, et je me suis retrouvée à quelques mètres des gorilles en Ouganda, le souffle coupé. Ce voyage m’a conduit sur le toit de l’Afrique − le Kilimandjaro.

Sur le toit de l’Afrique

La première fois que j’ai vu le Kilimandjaro depuis le Kenya, j’avais douze ans. Déjà à l’époque, j’étais vraiment fascinée par cette énorme montagne enneigée au milieu des steppes riches en animaux, scintillantes et plates du parc national. Après d’autres visites en Afrique orientale et des vues captivantes du cratère volcanique éteint, le désir d’escalader la plus haute montagne d’Afrique n’a cessé de grandir. Justement en pleine pandémie de COVID19, alors qu’il était pratiquement impossible de voyager, mon rêve est devenu réalité.

Après un fantastique safari et d’innombrables rencontres inoubliables avec des animaux − Big Five inclus − nous sommes arrivés à l’hôtel d’alpinisme de Moshi et avons été accueillis avec effusion par nos guides Yesse et Godliving. Comme nous étions les seuls clients de l’hôtel, le chef a même préparé le repas de notre choix. Le lendemain, nous sommes partis en jeep de safari jusqu’au Machame Gate, où nous avons pu remettre nos sacs à dos de 15 kg à notre équipe − composée de 6 porteurs, d’un cuisinier et d’un serveur. Avec seulement nos sacs à dos de jour, nous avons abordé la première étape à travers la forêt tropicale luxuriante d’un pas leste. De nombreuses plantes et fleurs endémiques bordaient le large sentier. Après 4 heures, arrivés dans la zone de végétation de la lande, nous avons repéré notre tente déjà montée.

Nous avons été accueillis avec de l’eau chaude, du thé et du pop-corn pour ensuite nous installer confortablement. Pour le dîner, on nous a servi un excellent menu à trois plats, et ce, non seulement le premier jour, mais tous les jours au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner. Incroyable le nombre de kilos de légumes et de fruits frais que les porteurs ont traîné en haut de la montagne rien que pour nous. Puis vint la surprise suivante : nos deux guides de montagne et le serveur, après le briefing du lendemain, nous ont chanté avec ferveur une belle chanson de bonne nuit. Nous étions émus aux larmes et nous attendions désormais avec impatience cette cérémonie réconfortante chaque soir. Après une nuit étoilée, le lendemain, nous avons effectué une courte étape vers les grottes de Shiva, à déjà 3 750 m d’altitude, afin de nous acclimater.

Le troisième jour, nous avons traversé la première partie de la zone alpine à un rythme incroyablement lent pour les randonneurs sportifs suisses que nous sommes (pole = lentement, lentement est la devise pour maîtriser l’altitude) et nous nous sommes émerveillés des nombreuses plantes qui poussent encore à plus de 4 000 m d’altitude. Comme chaque jour, nos porteurs nous ont dépassés aujourd’hui avec des sacs de plus de 20 kg sur la tête et des sacs à dos tout aussi lourds sur le dos, portant des baskets et des pantalons de sport, le pied léger, presque à la course. En grimpant le raide Barranco Wall et en contemplant l’immense aire de camping complètement vide, nous avons réalisé une fois de plus la chance que nous avions. En temps normal, des centaines de tentes se dressent là, serrées les unes contre les autres, et des milliers de touristes gravissent la montagne en file indienne. Nous, en revanche, nous n’avons pas vu âme qui vive de toute la journée et le soir, on ne voyait que quelques tentes isolées dans les camps − ceci parce que presque personne ne pouvait voyager à cause de la pandémie de COVID-19. Ce qui ne veut pas dire que les toilettes à la turque avec un trou minuscule, presque impossible à viser, étaient plus propres... mais on s’y habitue, ou plutôt on n’a pas le choix. Car celui qui boit 6 litres par jour pour lutter contre le mal des montagnes fait pipi partout et à tout moment en route vers le sommet. En Tanzanie, la saison des pluies commençait à s’installer et nous voilà complètement trempés sur les derniers kilomètres, avant le camp de base. C’est dégoulinant que nous nous sommes finalement retrouvés devant notre tente au camp Barafu, à 4 673 m, dans un tourbillon de neige. De 16h00 à 23h00, nous avons eu un peu de temps pour nous reposer, faire sécher nos vêtements et nous préparer pour notre ascension vers le sommet.

Avant le départ, avec nos deux guides, nous avons, comme chaque jour, collectivement joint les mains pour prier « Strong mind − strong heart − just dream it − don’t think it − power to the people ! » Et puis nous nous sommes mis en route. Nos lampes frontales nous ont éclairés à travers la nuit noire et les fortes chutes de neige. Nous avons continué à monter en pente raide, à tout petits pas, pour permettre à notre corps de s’habituer à l’altitude. Après sept heures, nous nous sommes soudain retrouvés le cœur battant sur le bord du cratère à Stella Point et, comme par miracle, les nuages se sont ouverts à cet instant précis et le ciel s’est teinté des plus belles nuances de rouge. Nous avions réussi ! Absolument bouleversés par cette grande émotion indescriptible, nous nous sommes embrassés, les larmes aux yeux.

Nous avons ainsi pu profiter d’un spectaculaire lever de soleil et d’une vue sur le fantastique univers des sommets du Kilimandjaro. Puis nous avons contourné le bord du cratère en passant entre les cristaux de glace jusqu’à l’Uhuru Peak, le véritable sommet du Kilimandjaro, à 5 895 m d’altitude. Là où normalement des centaines de randonneurs font la queue pour une photo au sommet, nous étions les seuls à contempler le Kilimandjaro désert. Ces émotions fortes, seuls sur le toit de l’Afrique, sont tout simplement indescriptibles et absolument inoubliables ! Un énorme rêve est devenu réalité !

Puis il a fallu dire adieu et là où nous avions zigzagué dans le gravier quelques heures plus tôt, nous sommes descendus tout droit, les pieds légers. Notre équipe de porteurs est venue à notre rencontre en chantant et en dansant, quel moment fantastique ! Après un bref arrêt à midi au camp de base, nous avons continué notre marche tout l’après-midi à travers une nature de plus en plus verte et chaude. Après plus de 13 heures de marche, nous sommes arrivés au dernier camp de la forêt tropicale, fatigués mais comblés, les genoux tremblants à force de descendre. Le lendemain matin, notre exploit du sommet a été célébré à grand renfort de danses et de chants, et même d’une bouteille de vin mousseux (que nos porteurs ont péniblement traînée tout au long du parcours... D’ailleurs, tous les déchets que les membres de l’équipe apportent en haut de la montagne, ils les redescendent également, ce qui est très strictement contrôlé). Le discours de notre guide de montagne Yesse nous a une nouvelle fois émus aux larmes et les adieux à notre merveilleuse équipe ont été très difficiles pour nous tous. Sur les derniers kilomètres à travers la forêt tropicale, des singes colobes et des guenons diadèmes ont accompagné nos pas. Notre trekking s’est finalement terminé au Mweka Gate et notre guide de montagne nous a remis nos certificats officiels, rayonnants de joie et fiers, comme nous l’étions nous-mêmes.

Je n’oublierai jamais la sensation bouleversante de me retrouver à 5’895 mètres d’altitude dans la neige, au point culminant de l’Afrique. Je suis toujours émue lorsque je me remémore cette fantastique aventure !

Faits:

  • 6 jours
  • 67,18 km
  • 36:17 heures du marche
  • + 5'092 mètres d’altitude
  • - 5'217 mètres d’altitude