Cuire son pain dans un camping car — les Américains s'étonnent

8 000 kilomètres à travers l'ouest des États-Unis
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Voyageur

Jürg Bühler

Observer le coucher du soleil sur les « backwaters » du Kerala à bord d'un « houseboat », observer les requins de récif dans l'atoll Ari des Maldives ou se balader à pied dans San Francisco, Jürg Bühler aime explorer le monde en compagnie de sa famille. Après un apprentissage classique en agence de voyages et une formation continue d'économiste d'entreprise, il travaille aujourd'hui pour DER Touristik Suisse sur le développement des systèmes informatiques.

Jürg et Claudia Bühler ont un rêve : de savourer une dernière fois la grande liberté de voyager avant que leurs filles ne soient scolarisées. La sécurité, le confort et une bonne infrastructure sont en tête de liste de leurs priorités lorsqu'ils élaborent leurs plans de voyage. Il est vite clair : ils s’envoleront vers Las Vegas et exploreront l'ouest des États-Unis pendant cinq semaines et demie. En camping-car.

Salt Lake City figure en fait sur l'itinéraire. Mais dès leur arrivée, les Bühler veulent passer à autre chose. Ils trouvent l’endroit inhospitalier. C'est pourquoi Jürg et Claudia n'ont rien réservé à l'avance, sauf le camping du parc national de Yellowstone. La devise de ce couple expérimenté en voyage est de se déplacer au gré de leurs envies. Il s’agit donc sortir la carte et le guide de voyage de la boîte à gants du camping-car et de modifier les plans. Totalement « offline », comme à l'époque pré-smartphone. Car les frais d'itinérance sont exorbitants et que le Wi-Fi serait théoriquement une possibilité, mais dans la pratique, la réception fonctionne rarement. Pas de problème pour Jürg, mais un changement bienvenu par rapport à la vie quotidienne dans le département informatique de Kuoni. Pour ainsi dire, des vacances « digital detox ». Et de plus, la quasi-absence de téléphones cellulaires est une bonne raison pour ne pas suivre les conseils sur Internet mais plutôt ceux des gens du pays.

Autres pays, autres mœurs

Car partout, les Américains côtoient la famille avec les deux petites filles Leana (5) et Jara (1) avec une ouverture et une serviabilité attachantes. Et ils sont parfois étonnés par les habitudes des Suisses. Par exemple lorsque, chaque jour, Claudia pétrit une pâte à la main et cuit du pain frais dans le four du camping-car. Ou que la famille entreprenne des randonnées de plus de dix kilomètres dans les parcs nationaux. « Se rendre en voiture à un lieu d'intérêt, marcher cinq mètres, prendre une photo, revenir à la voiture » — c'est ainsi que Jürg décrit les habitudes de voyage des Américains. Il n’est donc guère étonnant que le quatuor puisse ainsi profiter seul de paysages naturels grandioses. Comme le mystique Redwood National Park, dans le nord de la Californie, où ils parcourent des forêts impressionnantes de séquoias d'une hauteur record. Ou le Bryce Canyon dans l'Utah, où ils marchent le long d'énormes tours rouges de basalte et de grès, se croyant transportés dans un monde irréel. Pour Jürg, passionné de photographie, une visite dans la péninsule Olympic, non loin de Seattle, reste inoubliable. Les plages de bois flotté aux formes bizarroïdes et la forêt pluviale d’altitude, envahie de fougères et de mousses, lui offrent de fantastiques motifs photographiques. Leana, quant à elle, est particulièrement fascinée par les grottes du parc national de Pinnacles, que les Bühler escaladent et explorent avec des lampes de poche.

Voyager en famille en toute simplicité

La petite Jara est toujours présente lors de toute excursion : dans le porte-bébé Ergobaby sur le dos de maman ou papa, elle se sent tout à son aise. Les Bühler ont volontairement renoncé au porte-bébé encombrant. Car lors de leurs voyages précédents, ils ont appris que la meilleure façon de voyager est de transporter aussi peu de bagages que possible. Particulièrement aux États-Unis, où on peut tout acheter à bas prix au Walmart, s’il devait manquer quelque chose. Et encore plus en camping-car où l’espace est limité. Jürg et Claudia recommandent même de louer un petit camping-car — ainsi, il est possible de circuler librement, même en ville, ou de trouver une place de stationnement. Leur domicile roulant temporaire ne mesure qu’environ six mètres septante de long et deux mètres et demi de large. Les Bühler ne sont partis qu'avec une valise, un sac à dos de randonnée et un sac à dos de voyage. Cependant, un compagnon de voyage indispensable pour les parents d'enfants en bas âge est le siège auto pour enfants, car de nombreuses sociétés de location de camping-cars ne proposent pas de siège enfant. Heureusement, Jara a déjà pu passer le vol long-courrier vers Las Vegas dans son siège enfant — ses parents ayant réservé une place pour qu'elle puisse voler plus confortablement et en toute sécurité.

Et sans aucun doute, la bienveillance envers les enfants est une question importante pour les Bühler. Dans la mesure du possible, ils passent donc la nuit dans les campings de KOA. Ils sont sympathiques et bien soignés et l'infrastructure offre tout ce qui fait palpiter le cœur des enfants : piscines, mini-golf, coussins gonflables, murs d'escalade, vélos et bien plus encore. Chaque emplacement dispose d'une table à manger, ce que Jürg et Claudia apprécient beaucoup. C’est ici que la famille savoure normalement ses repas — quand elle ne pique-nique pas quelque part dans la nature.

Leana danse à travers Las Vegas

Après 8 000 kilomètres parcourus à travers l’ouest américain et 1 500 dollars dépensés en essence, les Bühler retournent à Las Vegas. Un périple de cinq semaines les a menés d'abord à l’intérieur du pays vers le Wyoming, puis sur la côte de l'État de Washington et de l'Oregon, à San Francisco, sur le Highway Nr. 1 et enfin à Los Angeles, à Disneyland. Cinq semaines remplies de rencontres inoubliables — avec des animaux comme le raton laveur caché sous le motor-home, les bisons qui bloquent les routes du parc national de Yellowstone ou les timides ours noirs qu'ils observent de temps à autre par les fenêtres du camping-car. Tout aussi inoubliables : les nombreuses rencontres avec des personnes qui les ont touchées. Comme le retraité de 85 ans qui, pour des raisons financières, vit en permanence dans une tente ou avec la ranger, complètement bourrée, dont la maison mobile miteuse rappelle à Jürg un décor de la série américaine « Breaking Bad ».

Les quatre aventuriers ont encore trois jours dans la scintillante frénésie de « Sin City ». Comme au début du voyage, Leana se déplace habituellement à travers la ville en dansant — la vivacité colorée, la musique omniprésente, les jeux aquatiques devant son hôtel, le Bellagio, l'aquarium du Mandalay Bay Hotel, tout cela la fait vibrer. Jürg connaît une autre raison pour laquelle sa fille ne parvient presque jamais à se reposer à Las Vegas : l'air des casinos est enrichi en oxygène, de sorte que les joueurs tiennent plus longtemps — et presque tous les chemins ici mènent à travers les casinos. Les Suisses s’étonnent

Propos recueillis par Evelyne Owa
Photos : Jürg Bühler