La patrie plutôt que les pays lointains : Melanie Hämmerli et son compagnon Stefan parcourent les Grisons. À pied et par transports publics, de Davos Wiesen jusqu’à Soglio au Val de Bregaglia. Leur but : d’absorber au maximum la beauté des Alpes.
Nos sacs à dos sont chargés de tout ce qu’il faut pour quatre jours d’« outdoor. » Vivres, tente, sac à couchage, etc. etc. etc. Les kilos s’additionnent. Même notre accompagnatrice à quatre pattes, répondant au nom de Yakima, porte un sac à dos, car elle aussi, aura besoin de nourriture pour les quatre jours suivants. Nous nous mettons en marche et il ne faut que quelques pas pour m’apercevoir que le poids de mon sac à dos n’est pas loin de m’écraser. Heureusement que nous avons choisi une étape courte pour le début. Ainsi, il me sera plus facile de m’habituer au poids.
Après l’accoutumance d’hier, aujourd’hui, nous nous mettons en route pour de bon ; nous voulonsaller au lac de montagne Lai Grond, situé une altitude d’env. 2 600 mètres et appartenant au parc Ela. Selon la légende, le diable aurait lancé une grosse pierre après un jeune homme, sur quoi celle-ci perça un trou dans la montagne sous la crête de l’Ela. Tandis que nous marchons d’un pas tranquille, plaçant un pied devant l’autre, nous sommes plongés dans un monde magique qui prête des ailes à l’imagination : longeant des prés d’un vert luxuriant, devant nous, la silhouette majestueuse des montagnes et le tout sous un ciel d’un bleu kitsch. Nous érigeons nos tentes entre l’Ela et le Tinzenhorn pour ensuite préparer notre dîner : au menu, une soupe enrichie de pâtes. Satisfaits, nous nous laissons bercer par l’ambiance de la soirée quand tout à coup, nous entendons le bruit d’un éboulement de pierres et de cailloux. Qu‘est-ce que cela pourrait bien être ? Nous nous regardons stupéfaits en voyant un grand groupe de bouquetins qui, manifestement, entament une migration. Pour le dessert, nous sirotons un chocolat chaud avec une goutte de whisky et observons les animaux, tandis que le ciel change lentement de couleur. Avant nous, de nombreux voyageurs ont déjà apprécié la beauté de ce paysage. Et le plus célèbre parmi eux n’est nul autre que le prince Charles. Il a peint une aquarelle avec le titre « Tinzenhorn près de Davos ».
Un chemin caillouteux mène à travers les pittoresques paysages alpins des Grisons. Nous avons l’impression d’être seuls au monde. Parfois, un aigle nous accompagne, haut dans les cieux, çà et là, une marmotte espiègle siffle en notre direction. Me trouver, aussi loin que possible, des gens et de la civilisation – voilà ce qui me fascine de la randonnée. Je suis tout simplement heureuse, j’oublie le quotidien et les tracas. Ce n’est qu’en arrivant à l’alpe Flix, au-dessus du petit village de Sur, que nous rencontrons d’autres randonneurs. Cette région est également surnommée « l’île au trésor de la biodiversité », car on y retrouve pas moins de 2 000 d’animaux et de plantes. La ferme d’agrotourisme de Cotti Agricultura propose des nuitées sous une yourte et nous réfléchissons un moment si cela nous conviendrait. Mais nous décidons de ne faire qu’une courte pause, le temps de nous rafraîchir avec une bonne bière. Nous trouvons notre bivouac un peu à l’écart, à un autre petit coin tout aussi idyllique.
À la station d’été Bivio, nous nous offrons un café et des croissants pour le petit-déjeuner avant de nous attaquer au col du Septimer. Bivio fait partie du parc Ela, le plus grand parc naturel de Suisse et dispose d’un accès direct aux cols alpins du Julier et du Septimer. Alors que dans les années 1970, le shah d’Iran s’amusait à traverser le village de montagne en pétaradant à bord de sa Ferrari et que les politiciens et les industriels étaient au rendez-vous, le train de vie, de nos jours, est d’autant plus paisible au pittoresque village de Bivio. Au pas de marche, nous traversons le Val da Cam en direction de Soglio et, en cours de route, apercevons le lac de Silvaplana. Puis, arrive le moment : les imposantes montagnes du val Bregaglia se dessinent à l’horizon. Nous nous arrêtons maintes fois pour les admirer. Lorsque nous arrivons à notre destination et que nous montons notre tente, il fait déjà nuit noire.
À Soglio, nous sommes accueillis par un petit village pittoresque, de maisons en pierres, de ruelles enchevêtrées et d’une vue de rêve sur les alpes du Val de Bregaglia. Le groupe Sciora me rappelle les aiguilles de granite du parc national de Torre del Paine en Argentine. Pas étonnant que le magazine GEO ait sacré Soglio comme l’un des 10 plus beaux villages montagnards d’Europe. Nous prenons place dans un restaurant typique et savourons un copieux repas. Nous terminons notre mini-voyage dans la patrie au milieu de ce décor exceptionnel. Et nous décidons que la prochaine fois, nous couronnerons notre randonnée par quelques jours de « wellness ».
Photos: Melanie Hämmerli / Shutterstock
Texte: Melanie Hämmerli / Magdalena Ostojic